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Née le 11 octobre 1979 à Séoul, Corée du Sud

Avec son physique de cartoon, Bae Doo-na n’a rien des jeunes reines de beauté aseptisées du cinéma coréen. Au fil des rôles, elle a échappé au destin de starlette jetable des filles de sa génération pour s’imposer comme la comédienne la plus singulière de Corée.

 

Alors qu’elle se promenait dans un quartier très branché de Apkujeong à Séoul, elle tapa dans l’œil d’un directeur de casting. Nez épais, grands yeux ahuris, elle émergeait d’une foule uniformisée par la mode et les marques. Après quelques photos et diverses apparitions à la télévision, elle obtient, sans doute grâce à sa silhouette particulière, un premier rôle au cinéma : le fantôme de The Ring Virus (remake coréen non-officiel du fameux Ring de Nakata, réalisé par Kim Dong-bin en 1999). Elle s’épanouit cependant véritablement un an plus tard dans le premier film de Bong Joon-ho, Barking Dogs Never Bite. Bae y interprète l’employée d’un syndic d’immeuble à la recherche d’un yorkshire.

 

A peine maquillée, elle brandit sans faire de manières des expressions qui rappellent Giulietta Massina et une voix presque masculine. Elle impose surtout un jeu de mime, une dance qui n’appartient qu’à elle et qu’elle perfectionnera par la suite.

 

Bae Doo-na se spécialise en effet dans les rôles de fille du peuple (alors qu’elle est issue de la haute bourgeoisie de Séoul) et choisit des personnages qui lui permettent d’exercer différent métiers manuels, d’imprimer une sorte de grâce aux gestes du quotidien (passer un coup d’éponge, allumer une cigarette, …). Tube, film d’action raté qui tente vainement de la transformer en star lambda, s’ouvre sur un fascinant ballet : un gros plan sur ses mains qui effectuent mille petits tours.

Dans Sympathy for Mr. Vengeance (2002), elle parle le langage des signes ce qui permet encore à Park Chan-wook de s’attarder sur ses mains.

 

Bae Doo-na est bien une comédienne du mouvement qui ne supporte pas l’enfermement : les réalisateurs aiment la voir bondir dans ce dernier train pour Incheon (Take Care of My Cat) ou échapper à des terroristes (Tube). Elle sera championne de volley ball (Saving My Hubby) puis de tir à l’arc (The Host)… Quand les cinéastes ne filment pas ses mouvements, ils plongent dans son regard grand et mélancolique comme un aquarium en hiver. Il peut être charmeur, un brin coquin, lorsqu’il décore son partenaire dans un magasin de disques (Plum Blossom). Il peut aussi nous appeler au secours (Sympathy for Mr. Vengeance). Dans Linda, Linda, Linda, le jeune cinéaste nippon Yamashita Nobuhiro en fait une étudiante étrangère au Japon qui monte un groupe de rock. Bien souvent, elle ne comprend pas ce qui se dit autour d’elle et la caméra se perd avec délice dans ses expressions ahuries. Autant qu’une vedette, Bae Doo-na est bien un artiste dont la matière première est son propre corps : un visage clownesque posé sur une silhouette longiligne. Un physique dont elle explore, film après film, les possibilités sans fin.

 

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