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Figure incontournable du fantastique japonais, on lui doit récemment les deux premiers films Death Note, Shusuke Kaneko est l’homme qui a redonné un sacré coup de jeune au kaiju eiga. Retour sur ses films de monstres géants.

 

Durant les années 60, Gamera était le petit frère pauvre de Godzilla. Lorsque vous avez commencé à travailler sur Gamera : Guardian of the Universe, n’aviez-vous pas peur de passer, de nouveau, pour le petit frère fauché ?

 

Oui, c’était effectivement le cas au début. Pour moi, ce n’était rien qu’une tortue géante. Je me disais qu’il valait peut-être mieux chercher à en faire une comédie. Mais le studio Daiei voulait vraiment livrer un film sérieux, c’est comme ça que le long-métrage a pris une telle tournure.

 

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Shusuke Kaneko, durant le tournage de Death Note

 

Le scénariste du film, Kazunori Ito, est très connu pour avoir apporté une touche humaine très prégnante dans la série des Patlabor, et c’est exactement ce qu’il a fait avec les Gamera. Avez-vous travaillé en étroite collaboration avec lui sur l’élaboration de l’histoire ?

 

Ce qu’Ito a fait avec Patlabor consiste en ce que j’appelle une « simulation dramatique » : que se passerait-il s’il y avait un coup d’Etat ? Il est très doué pour cela, et c’est cette touche qu’il a apporté à Gamera : que se passerait-il s’il y avait vraiment des monstres géants, comment les Forces d’autodéfense réagiraient-elles ? Nous avons beaucoup discuté en amont de cette idée de simulation dramatique : prendre des événements fantastiques, les traiter au premier degré pour voir ce que cela donnerait dans une situation réelle.

 

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Shinji Higuchi

 

Shinji Higuchi est l’homme responsable du nouveau look de Gamera. Comment s’est déroulée votre collaboration ? Avez-vous beaucoup discuté de l’apparence de la créature ?

 

C’est effectivement quelque chose dont nous avons beaucoup discuté ensemble, en particulier la façon de lui donner un aspect réaliste qui puisse transparaître via la caméra.

 

En tant que réalisateur, est-ce difficile de travailler sur un film qui laisse une place aussi importante aux SFX, sachant que vous n’avez pas un contrôle total sur ceux-ci ?

 

Ce n’est pas forcément plus difficile que sur un film dit classique, mais cela prend beaucoup plus de temps. Ce n’est pas compliqué de demander à l’équipe de réaliser tel ou tel effet, mais il faut en revanche penser au temps que cela demande à l’équipe pour concrétiser ce que l’on désire.

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Ayako Fujitani a été choisie comme actrice principale. Etait-ce un choix purement commercial lié au fait qu’elle est la fille de Steven Seagal ?

 

C’est effectivement l’une des raisons de son casting, surtout pour la compagnie de production. Mais lorsque nous avons fait les auditions, elle est celle qui, à mon sens, s’est le plus distinguée. En parlant de connexions familiales, l’autre comédienne principale, Shinobu Nakayama est la jeune soeur de Miho Nakayama, un célèbre mannequin et actrice japonaise, que l’on a notamment pu voir dans Love Letter.

 

Au fil des films, la trilogie Gamera devient de plus en plus sombre et violente. Les cadres de la Daiei vous ont-ils fixé des limites à ce niveau ?

 

Pour le premier opus, ils m’ont dit que tout devait être montré selon le point de vue d’un enfant, et donc que la violence devait être tempérée. Mais comme le long-métrage a rencontré un gros succès, je me suis retrouvé plus libre par la suite. Certaines personnes dans l’équipe voulaient vraiment laisser éclater la violence, j’ai donc essayé de trouver un juste milieu. Par exemple, dans le troisième épisode, il y a une énorme explosion, les gars des effets spéciaux ont vraiment été loin cette fois-ci. Mais dans la série originale, qui était plutôt destinée aux enfants, il y avait aussi des scènes de violence assez adultes.

 

Quel épisode de la trilogie préférez-vous ?

 

C’est vraiment difficile à dire, car j’ai eu une approche différente pour chacun des films. Je garde tout de même de très bons souvenirs du premier, c’était mon premier kaiju, j’étais très excité.

 

Hideaki Anno, le réalisateur de la série et des films Evangelion, a tourné un making-of assez particulier du troisième Gamera. Comment s’est-il retrouvé là ?

 

Hideaki Anno est un vrai déchet, une personne totalement inutile. Il m’a montré ce qu’il avait fait afin que je donne mon accord, puis il a fait quelque chose de complètement différent. C’est quasiment un crime. Je ne lui pardonnerais jamais. C’est une véritable sangsue qui trompe les gens. Il a peut-être du talent, mais ce n’est assurément pas un gentleman !

 

Vous vous êtes retrouvé ensuite aux commande de Godzilla, Mothra & King Ghidorah: Giant Monsters All-Out Attack. Avez-vous bénéficié de la même liberté qu’avec Gamera ?

 

C’était différent, car lorsque nous avons tourné Gamera, nous avons utilisé des hommes et des équipements des Forces d’autodéfense, et nous devions donc faire très attention. Avec Godzilla, en revanche, tout était faux, nous pouvions donc y aller plus copieusement. De fait, nous avions plus de liberté à ce niveau.

 

J’imagine que s’attaquer à deux icônes comme Gamera et Godzilla doit être une sacrée expérience. Néanmoins, avez-vous eu plus de plaisir à travailler sur un monstre que sur l’autre ?

 

Travaillez sur Godzilla a aussi été très amusant. Mais pour la Toho, je ne faisais que réaliser l’un des 25 films de la série, cela n’avait pas forcément le même impact que pour la Daiei. En tout cas, lorsque je vais à l’étranger, ça me permet de briller en disant que j’ai tourné des Gamera et des Godzilla ! (Rires)

 

Propos recueillis par Julien Sévéon

 

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