Après avoir parlé de la seconde guerre mondiale (cf. dossier correspondant), voici maintenant un dossier sur le Japon. Vous trouverez ci-contre une carte présentant le dynamisme de l’espace japonais. Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.

 

Introduction : Un archipel très peuplé

 

I/ Le cadre naturel

 

Archipel formé de plus de 3 400 îles, le Japon domine un territoire beaucoup plus grand que sa simple surface terrestre : ses limites maritimes légales multiplient en effet sa surface par douze. Le territoire est composé de plaines littorales rare et exiguës, tandis que l’intérieur est dominé par des montagnes élevées.

 

II/ La croissance et la répartition de la population

 

Les quatre plus grandes îles abritent la quasi-totalité des 126 millions de Japonais. La densité moyenne est élevée (355 habitants par km²) mais les deux-tiers de la population occupent 3% du territoire.

 

Première partie : Géographie du Japon

 

A- Les Japonais sur leur territoire

 

I/ Une population inégalement répartie

 

Le territoire japonais est contraignant : il est fragmenté en quatre îles principales et 3 400 autres îles ; il possède peu d’espaces plats : les trois-quarts du pays sont dominés par des montagnes aux pentes souvent abruptes alors que les plaines, étroites, sont limitées au littoral. C’est aussi une terre à hauts risques : aux typhons et éruptions volcaniques (77 volcans actifs) s’ajoutent

les nombreux séismes (séisme de Kobe en 1995) et les tsunamis.

La population japonaise, qui comprend 126 millions d’habitants, est très inégalement répartie. Les densités humaines sont très fortes dans les plaines littorales de la façade pacifique. Les villes de cette région sont immenses et constituent la plus grande mégalopole du monde.

 

II/ La concentration littorale des activités

 

Le littoral concentre depuis longtemps la plupart des activités économiques du Japon (agriculture, pêche, industrie). Le Japon est le troisième producteur mondial de produits de la mer et l’aquaculture a une grande importance.

Durant la Haute croissance, l’industrie s’est développée dans les grandes baies du littoral pacifique, pour bénéficier de l’importation des matières premières dont manque le Japon et pour rendre plus facile les exportations. On y a édifié des terre-pleins pour les usines sidérurgiques et pétrochimiques alors que les autres industries (notamment l’automobile) essaimaient en arrière du rivage. Un immense ruban industriel littoral s’est ainsi constitué sur la façade pacifique, à l’origine de la Mégalopole.

Les nouvelles industries de haute technologie, qui ont besoin de peu de matières premières, s’implantent aujourd’hui dans l’arrière-pays, non loin de la Mégalopole.

 

III/ La maitrise d’un territoire contraignant

 

Le territoire japonais est très contraignant, mais peu à peu les Japonais ont réussi à la maîtriser :

- Les terre-pleins pour les industries mais aussi de plus en plus pour les activités de services (administrations, loisirs, commerce) ou les résidences permettant de pallier le manque de place dans les plaines.

- De grands ouvrages d’art ont été construits pour unir les grandes îles entres elles : ponts géants ou tunnels sous-marins (le plus grand tunnel sous-marin du monde, de 54 km, relie Honshu et Hokkaido).

- Enfin, la population est sensibilisée aux risques naturels et les constructions tiennent compte du danger sismique (immeubles bas ou procédés de construction antisismiques).

 

B-  Un espace contrasté

 

I/ La Mégalopole, région motrice de la puissance japonaise

 

Ruban urbain de 1 200 km de long, au bord de la Mer Intérieure, la Mégalopole japonaise concentre 84% de la population totale (105 millions d’habitants) et 71% de la production industrielle du pays. Entre ces villes, les échanges d’hommes et de marchandises sont multiples et favorisés par des transports rapides. La Mégalopole constitue la région motrice de la puissance japonaise.

 

La première conurbation mondiale (Tokyo-Yokohama-Kawasaki) est le cœur de la Mégalopole. Capitale politique du pays, Tokyo monopolise les activités de commandement. Cependant, malgré sa puissance, elle n’a pas le rayonnement de New York.

 

II/ Les déséquilibres d’un espace ouvert sur le monde

 

Le territoire japonais est marqué par de très forts contrastes régionaux. Au « Japon de l’endroit », ouvert sur le monde et où se concentrent les hommes et les activités, s’oppose le « Japon de l’envers ».

La Mégalopole, le centre du Japon appartient au « Japon de l’endroit » alors que le « Japon de l’envers » comprend presque toutes les périphéries.

 

Tokyo appartient aux métropoles majeures de la planète et sa région, le Kanto, est le cœur économique japonais. Cependant, Osaka, second pôle national, concurrence Tokyo depuis les années 1980.

 

Seconde partie : Economie du Japon

 

A- L’édification d’une puissance

 

I/ Le « miracle économique »

 

En 1945, le Japon est vaincu, ruiné et occupé par les USA. Mais il se reconstruit rapidement. En 1951, grâce à l’aide des Etats-Unis, il a retrouvé son niveau de production d’avant-guerre ; puis il connaît jusqu’en 1973 la plus forte croissance économique du monde (10% en moyenne par an) : c’est la période dite de « Haute croissance ». La croissance reste forte jusqu’à la fin des années 1980 (5% par an), date à laquelle le Japon entre dans une période de récession.

Le Japon est ainsi devenu la seconde puissance économique, la seconde puissance industrielle, et la troisième puissance commerciale du monde.

 

II/ Les atouts de la puissance

 

La main-d’œuvre japonaise est très efficace et dévouée. Son haut niveau d’instruction lui permet de s’adapter rapidement aux changements technologiques.

Les entreprises sont performantes :

- Les grandes entreprises, regroupées dans les conglomérats ou kereitsus, investissent beaucoup dans les technologies les plus récentes et la recherche. Des sociétés de commerce spécialisées, les sogo-shoshas, les renseignent sur les attentes des marchés extérieurs et se chargent de commercialiser leurs produits.

- Les petites entreprises sous-traitantes répondent rapidement à la demande des grandes entreprises.

L’Etat joue un rôle moteur dans l’économie en particulier à travers le Ministère de l’industrie et du commerce international (MITI). Il donne des informations aux entreprises, accorde des aides financières aux secteurs industriels d’avenir, aide la recherche, investit dans les infrastructures (ports, voies ferrées, …). Ces dépenses sont permises grâce à la relative faiblesse du budget militaire.

 

III/Une puissance incomplète

 

Le Japon reste une puissance politique et militaire encore secondaire. La Constitution de 1946, rédigée sous l’autorité des USA, en a fait un pays démocratique mais en même temps limité sur le plan extérieur (limitation de l’armée et de l’armement) et il n’a donc pas l’arme nucléaire et sa diplomatie se calque encore souvent sur celle des Etats-Unis (qui possède des bases militaires dans le pays).

Le Japon a aussi une influence culturelle réduite. Sa langue et son mode de vie ne se sont pas exportés. Les japonais sont même largement américanisés (importance du base ball et du golf, diffusion des séries télévisées américaines,…).

 

B- La seconde puissance économique

 

I/ Une industrie puissante à la pointe de l’innovation

 

Le Japon, avec 15% de la production mondiale, est la seconde puissance industrielle derrière les Etats-Unis :

- les industries de base (sidérurgie, pétrochimie…) et la construction navale, avec 40% de la production, sont très puissantes. Mais elles souffrent de la croissance de la production mondiale et de la concurrence des nouveaux pays industrialisés d’Asie.

- L’automobile reste un fleuron de l’industrie japonaise : le Japon est le second producteur mondial d’automobiles. Toyota fournit plus du tiers de la production nationale.

- Les industries de haute technologie sont le point fort du Japon : elles représentent plus du quart de la production nationale et progressent fortement dans tous les domaines (matériel électronique, télécommunications robotique, nouveaux matériaux, biotechnologie).

 

II/ De très forts excédents commerciaux

 

Avec 9% des échanges internationaux, le Japon est la troisième puissance commerciale, derrière les Etats-Unis et l’Allemagne. Ses principaux partenaires commerciaux sont les Etats-Unis, les pays d’Asie du Sud-Est et l’Union européenne.

Le Japon exporte des produits industriels notamment des automobiles, des machines, du matériel électrique et électronique. Comme il a  très peu de ressources naturelles, il importe beaucoup de matières premières minérales ou énergétiques (prés de 100% de sa consommation de fer, de charbon, ou de pétrole) ; il achète aussi beaucoup de produits agroalimentaires.

La balance commerciale du Japon est très excédentaire. Pourtant les exportations ne représentent que 10% de la production japonaise. En fait, les excédents sont surtout dus à la faiblesse relative des importations, liée à la protection du marché intérieur (réglementations diverses…) et à la faible attirance des japonais pour les produits étrangers.

 

III/ Les capitaux japonais gagnent le monde

 

Depuis les années 1980, les entreprises industrielles et de services japonaises se délocalisent notamment aux Etats-Unis et dans l’Union européenne pour se rapprocher de leur clientèle et éviter les barrières douanières, et en Asie du Sud-Est ; Toyota a ainsi créé récemment une usine en France, à Valenciennes. Cependant, la part de la production industrielle à l’étranger ne représente que 10% du PNB contre 19% pour l’Allemagne et 23% pour les Etats-Unis.

Le Japon  est aussi le premier fournisseur d’aide publique au développement (surtout vers l’Asie) et prête des capitaux au monde entier.

 

C- La société japonaise, facteur de la réussite économique

 

I/ Une société soudée et hiérarchisée

 

La société nippone est fondée sur des rapports hiérarchiques entre les individus qui sont inclus dans divers groupes, comme la famille ou l’entreprise. La priorité donnée au groupe par l’individu garantit un ordre social où les revendications personnelles sont mineures.

 

II/ L’individu s’identifie par rapport au groupe

 

L’individu (matérialisé par le point rouge sur le schéma) est une petite pièce au sein d’un vaste puzzle. Le groupe est présent à tous les échelons de la vie. Les devoirs de l’individu envers la communauté sont considérables : prendre soin de ses parents âgés, veiller à la qualité de vie du quartier, contribuer à la réussite de l’entreprise ou consommer des produits japonais.

 

III/ De l’école à l’entreprise : la soumission à un modèle de société

 

Amour du travail bien fait, faible absentéisme et dialogue entre patron et ouvriers sont présentés comme les qualités des entreprises japonaises. Les salariés donnent beaucoup car ils s’identifient à leur entreprise. Mais pour y entrer, dés l’école, les Japonais sont confrontés à une rude compétition. Ce modèle de société est aujourd’hui rejeté par une partie de la jeunesse.

 

D- Le Japon, au cœur de l’Asie-Pacifique

 

I/ Le Japon, modèle pour l’Asie-Pacifique ?

 

Les relations entre le Japon et ses voisins ont longtemps été tendues à cause de la politique d’expansion japonaise de la première moitié du siècle.

S’il inquiète, le Japon fascine par sa réussite économique : premier pays non occidental à s’être industrialisé, il est apparu comme un modèle de développement à suivre. Les Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie (NPIA) ont suivi les mêmes étapes d’industrialisation (de l’industrie textile aux in industries de base puis à la haute technologie) et utilisé des moyens proches de ceux du Japon (main-d’œuvre efficace, grandes entreprises, actions motrices de l’Etat) ; leurs économie concurrencent désormais celle du Japon. La Chine et d’autres pays d’Asie du Sud-Est se développent à leur tour. Le Japon est au cœur d’une zone en développement rapide.

 

II/ Une dépendance croissante de économies

 

Dans le domaine commercial, les liens du Japon avec les pays de l’Asie-Pacifique s’intensifient depuis les années 1970 : 42% de ses exportations et 36% de ses importations sont réalisées avec ces pays. Le Japon leur achète des matières premières et de plus en plus de bien industriels du fait de leur développement économique ; il leur exporte de plus en plus de ses produits industriels grâce à la croissance rapide de leur niveau de consommation.

Les entreprises japonaises investissent de plus en plus dans la région pour profiter d’une main-d’œuvre moins coûteuse mais aussi parce que ces pays sont des marchés importants (Corée du Sud) ou d’avenir. Depuis les années 1990, les entreprises japonaises ont ainsi créé de nombreuses filiales dans l’Est de la Chine.

Le Japon et l’Asie du Sud-Est ont désormais des économies très dépendantes. Ainsi, la crise économique de 1997 en Asie du Sud-Est a réduit les exportations japonaises et entraîné des difficultés pour ses filiales industrielles.

 

III/ Les japonais regardent vers l’Asie

 

Depuis la fin du XIXe siècle, le Japon est surtout fasciné par l’Occident. Mais aujourd’hui, l’Asie-Pacifique éveille l’intérêt des japonais : ils s’y rendent plus nombreux en vacances, les livres sur l’Asie se multiplient, les échanges culturels s’intensifient (accueil d’étudiants asiatiques).

En même temps, le Japon améliore ses relations diplomatiques avec les pays d’Asie, il commence à reconnaître les crimes de la Seconde Guerre Mondiale et il a renforcé ses relations avec la Chine. Il espère jouer un rôle politique régional important dans l’avenir.

 

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